Telegram vient de frapper un grand coup. Le 14 mai 2025, la plateforme a définitivement banni Haowang Guarentee, figure centrale du darknet asiatique. Ce groupe, actif depuis 2019, exploitait Telegram comme place de marché parallèle pour drogues synthétiques, armes, données bancaires et services de blanchiment. Présent sur plus de 230 canaux publics et privés, Haowang Guarentee revendiquait plus de 1,8 million de membres actifs.
Coup de tonnerre sur Telegram
L’annonce a été confirmée par Pavel Durov lui-même, fondateur de Telegram. Selon ses mots :
Nous ne tolérerons plus aucune exploitation de Telegram par des réseaux criminels structurés
Un revirement stratégique inattendu, après des années de neutralité revendiquée.
Une organisation tentaculaire au cœur de la messagerie Telegram
Haowang Guarentee opérait comme une véritable multinationale. Ses branches s’étendaient de Shanghai à Kuala Lumpur, en passant par Hô Chi Minh-Ville et Séoul. Grâce à des bots intégrés dans Telegram, les utilisateurs pouvaient acheter des produits illicites via des menus déroulants, payer en crypto et suivre les livraisons en temps réel.
Le modèle était simple, efficace et presque invisible. Les transactions étaient fractionnées en micro-paiements sur TON (The Open Network), la blockchain intégrée à Telegram, rendant la traçabilité quasi impossible.
Une fermeture qui ne suffit pas
En coupant Haowang Guarente, Telegram a fait tomber un géant. Mais ce geste reste symbolique. D’autres réseaux, moins visibles mais tout aussi dangereux, prospèrent encore. Sur des plateformes comme Session, Delta Chat ou Tox, les échanges chiffrés sans serveurs centraux explosent. Leur architecture décentralisée complique toute régulation.
Sur Session, plus de 15 groupes liés au trafic d’êtres humains ont été identifiés par des ONG entre janvier et avril 2025. Sur Tox, les communications passent sans identifiant, sans historique, sans serveur. Impossible à censurer.
L’effet domino sur les crypto-actifs
L’écosystème crypto tremble. Juste après le bannissement de Haowang Guarente, le jeton TON a perdu 12 % en moins de 24 heures. Les analystes anticipent un désengagement massif des utilisateurs criminels de la blockchain Telegram.
Une fuite qui pourrait profiter à d’autres blockchains plus opaques, comme Monero ou Firo.
Mais l’impact ne se limite pas aux crypto-actifs. Plusieurs marketplaces du darknet ont gelé leurs services cette semaine, redoutant un assèchement des flux logistiques que Haowang Guarente garantissait.
Les États s’invitent dans la bataille
Face à l’ampleur du phénomène, la Chine, Singapour et la Corée du Sud ont réagi immédiatement. Des unités spéciales de cybersécurité ont lancé une traque transfrontalière. D’après le ministère chinois de la Sécurité publique, au moins 17 arrestations liées à Haowang Guarente ont eu lieu depuis lundi.
En parallèle, Interpol planifie une task force avec Europol et le FBI. Objectif : cartographier les réseaux utilisant les messageries chiffrées pour structurer des économies parallèles.
Que pourrait-il se passer après l’action de Telegram?
Trois évolutions sont à prévoir. D’abord, l’adoption accélérée des messageries chiffrées open source. Ensuite, la fragmentation des réseaux criminels, qui se tourneront vers des mini-canaux autonomes moins détectables. Enfin, la résurgence de forums spécialisés sur le dark web classique, comme Dread ou Incognito Market, en tant que points de repli.
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En conclusion, Telegram a brisé une omerta. En bannissant Haowang Guarente, la plateforme s’engage enfin contre les dérives criminelles qu’elle abritait. Mais ce geste, aussi spectaculaire soit-il, ne suffira pas à endiguer l’hydre numérique du darknet. Le combat ne fait que commencer.